Acclamé en héros pour avoir marqué le but de la victoire contre l'Italie (2-1), en finale de l'Euro 2000, David Trezeguet n'a pas connu la même fortune, dimanche 9 juillet à Berlin, en finale de la Coupe du monde 2006.
La série des coups de pied au but a tout juste commencé. Andrea Pirlo, Sylvain Wiltord et Marco Materazzi ont chacun marqué le leur. Vient le tour de Trezeguet, qui officie habituellement à la pointe de l'attaque de la Juventus Turin. En face de lui, l'impeccable Gianluigi Buffon... son coéquipier en club. Le Français, rentré à la 100e minute à la place de Frank Ribéry, s'élance et frappe. Un tir tendu qui part vers le haut du coin gauche du but gardé par l'Italien. Le ballon s'écrase sur la barre transversale et pique vers la pelouse, du mauvais côté de la ligne blanche. Encore quatre tirs, tous réussis, et la France est battue par cinq réalisations à trois.
Consolé par ses coéquipiers et en particulier par Thierry Henry, le malheureux Trezeguet semble vite remis de cet échec. Lorsqu'il apparaît devant la presse, il semble plus fataliste que désespéré. "J'ai bien frappé mon tir au but, d'ailleurs les autres joueurs me l'ont dit dans les vestiaires. Le ballon a touché la barre. C'est la malchance", insiste l'attaquant.
Les tirs au but, c'est "une petite loterie", renchérit Willy Sagnol. "Le penalty va sur la barre, ça fait partie des aléas du football", estime Thierry Henry. Pour lui, l'équipe de France reste solidaire : "On a gagné ensemble et on a perdu ensemble."
Fallait-il pour autant confier à Trezeguet la délicate tâche de tirer un des coups de pied face à un gardien qu'il côtoie depuis six ans à Turin ? "J'avais décidé de prendre mes responsabilités en demandant à faire partie des tireurs, répond Trezeguet. C'est vrai que je connais bien Buffon, mais je n'ai pas spécialement changé ma façon de tirer pour ça."
"ÇA FAIT PARTIE DU FOOTBALL"
Pas rancunier, le Français affirme avoir dit au gardien qu'ils allaient se retrouver pour les vacances. De toute façon, dit-il, "il faut accepter la défaite, ça fait partie du football".
Pour cet attaquant de 28 ans, troisième buteur de l'histoire de l'équipe de France avec 32 réalisations, le Mondial 2006 n'aura pas été un grand cru. Raymond Domenech ne l'a titularisé que contre le Togo, lorsque Zinédine Zidane purgeait un match de suspension, et il n'a pas reparu depuis. Avant cela, il n'était rentré que deux minutes, contre la Corée du Sud. "Domenech a choisi un système qui ne convenait pas à mon jeu, regrette l'attaquant. Mais je sors du Mondial la tête haute."